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Luis Enrique, la volonté de gagner

Laissons cette fois de côté les sujets trop sérieux de mes derniers  billets. Causons foot. Revivons l’instant où quelques minutes avant la fin de cette finale, le naufrage de l’Inter de Milan devenu irréversible, notre joie explose ! Une joie sans limite, une joie délirante. Une de ces liesses collectives qui abolit les différences d’âge et de classe sociale. Ce qui venait de se passer était sans précédent  et scintillait sous les yeux ébahis des supporters comme l’événement unique de toute l’histoire  du football.

Ridiculisé,  humilié par la fameuse remontada du Barça le 8 mars 2017, le PSG est réduit au rôle d’éternel perdant. le Barça, largement battu à Paris sur le score de 4 à O au match aller, avait renversé la situation au Camp Nou en infligeant au PSG le score de 6-1 qui restera la claque la plus cinglante de son histoire. L’entraineur du Barça n’était autre que ….. Luis Enrique, il devient ce soir-là, le seul entraineur à effacer 4 buts. « Si un rival est capable d’inscrire quatre buts contre nous, nous pouvons en marquer six », avait affirmé, confiant, l’entraîneur Espagnol avant le match retour.

Blessé à jamais par cette improbable remontada, le PSG n’en finissait plus de courir après le titre européen.   Et voilà que ce club maudit  arrive en finale de cette coupe d’Europe si longtemps convoitée et écrase sur le score de 5 à 0 l’Inter de Milan, équipe italienne très respectable qui venait d’éliminer le Barça  dans les dernières secondes d’un match légendaire. Le Barça grande favorite de la compétition. Prodigieuse victoire sur un score jamais vu depuis que la compétition existe. En une soirée le PSG fait oublier toutes les humiliations passées.

Cette victoire est l’œuvre  d’un homme, d’un seul homme Luis Enrique. Je revendique  le « un seul homme ». Certes ce n’était pas lui qui courrait  sur le terrain ce soir-là, ce n’était pas lui qui a marqué les buts. Mais c’est bien lui et lui seul qui a  fabriqué cette équipe qui gagne. Quels sont les secrets d’une telle réussite ? Il n’y en qu’un, Luis Enrique met la science au service du football. Pour y parvenir, un préalable incontournable : il doit congédier les superstars. Exit les Neymar Messi, Mbappé , trop en lumière et trop avares de leurs efforts. Il faut que chacun de ses joueurs soit entièrement sous son contrôle. Chaque mètre couru, chaque battement de cœur doit être analysé. Comment ? grâce à des GPS portés par les joueurs ! Chaque joueur dispose d’un capteur pendant les entrainements. Ces capteurs enregistrent tout : distances parcourues, vitesse, durée des sprints. zone du terrain où les joueurs accélèrent ou ralentissent.

Tous les mouvements de son équipe, Louis Enrique les observe du haut d’une grue installée au bord du terrain. Ce qui lui permet d’avoir une vue d’ensemble des mouvements de ses hommes, leurs placements, leurs alignements, les décalages de deux trois mètre qu’on ne voit pas depuis le sol. Luis Enrique impose une stratégie où les rôles sont interchangeables, chacun doit être capable d’attaquer aussi bien que de défendre. On se souvient de la video virale où Luis Enrique traite Mbappé de sous-merde parce qu’il ne cherche jamais à défendre. Cette stratégie a une conséquence majeure : depuis son arrivée le 5 juillet 2023 l’équipe court dix kilomètres  de plus en moyenne par match ! S’affirmer dans un jeu collectif c’est cela qui va faire la force du PSG, c’est cela qui va aussi créer un esprit d’équipe, qualité qui faisait cruellement défaut  au PSG depuis toujours. Ce volume de course supplémentaire, il l’obtient grâce à une préparation physique d’une particulière intensité. Les spécialistes s’accordent pour dire  que le plus impressionnant cette année a été la préparation physique du PSG.

 À l’entraînement Luis Enrique se montre d’une extrême rigueur, à la moindre minute de retard le joueur est exclu, il est obsédé par le détail, les joueurs doivent recommencer l’exercice tant qu’il n’est pas parfait. Ce n’est pas tout, Luis Enrique veut avoir une idée précise de la condition physique de ses joueurs. Il a recours à deux indicateurs la fréquence cardiaque et le dosage des lactates. Grâce à une étroite surveillance , le  PSG   a moins de blessés que les autres clubs.

À l’écart du personnage que dit-on de lui ? On le décrit comme un grand bavard à l’égo surdimensionné. « le melon est énorme » confie un de ses joueurs qui ajoute immédiatement : «  cependant la confiance qu’il insuffle à son équipe est à la mesure du personnage. » Luis Enrique est très proche de ses joueurs, il a avec eux une relation  paternelle. Il peut être blessant ou bien affectueux.

Récemment, le Times de Londres titrait : « Luis Enrique : l’homme qui a fait passer le PSG d’une marque à une équipe ». Le journaliste, auteur de l’article, ajoute :«C’est aussi l’enjeu du management dans les entreprises : qu’est-ce qui les fait durer et gagner ?La réponse, nous dit-il, vient d’un célèbre conseil en management américain, Jim Collins. L’étude de milliers d’entreprises montre que ce qui marche, ce n’est ni l’esbrouffe du dirigeant ni son charisme ou sa vision. C’est sa détermination sans faille – sa capacité à ne pas changer de cap. Et surtout (surtout) à recruter les bonnes personnes qui serviront ce cap collectif et non leur ego.

Et puis il faut pour terminer parler du drame de la vie de cet homme. Sa fille de 9 ans, Xana, qu’il avait l’habitude d’emmener sur les terrains célébrer les victoires de son équipe, a été diagnostiquée atteinte d’un cancer des os. Elle décède cinq mois plus tard.  Luis Enrique accomplit pleinement la maxime de Nietzsche « ce qui ne tue pas rend plus fort » quand il exprime son état d’âme à la suite de la mort de sa fille :« Les processus négatifs de la vie sont ceux qui m’ont le plus appris. Je suis un homme très chanceux. » et puis il ajoute: « ma fille est venue vivre neuf années merveilleuses avec nous » Cette façon d’exprimer son deuil est simplement admirable.

Laurent Vercoustre

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