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SARS-CoV-2 virus sauvage ou virus fabriqué ?

Au commencement de la pandémie de Covid-19, dans les milieux bien-pensants, on avait accueilli la thèse avec un sourire condescendant, une moue dubitative, un haussement d’épaule exaspéré, et on murmurait dans un soupir: « encore un fantasme complotiste ! ». Le fantasme complotiste apparaît aujourd’hui plus vraisemblable que la thèse de la nature. Le virus de la Covid-19  a bien pu s’échappé d’un laboratoire où les hommes l’avaient confiné. Le rapport  de notre vénérable Académie de Médecine du 10 avril dernier est édifiant. Ce rapport a deux volets : la discussion sur  l’origine naturelle ou artificielle de la pandémie et l’élaboration de recommandations pour  améliorer la culture de sécurité biologique dans les laboratoires réalisant des manipulations génétiques sur des virus. À la question de l’origine du virus  une écrasante majorité d’Académiciens, soit 97%, penchent pour une fuite de laboratoire.

Comment la thèse du laboratoire, initialement taxée de complotiste, est-elle devenue plus que vraisemblable ? Dès le mois de janvier 2020, les chinois publient la séquence complète du génome du SARS-CoV-2. Cette séquence est inquiétante. Pourquoi ? Parce qu’elle révèle un virus trop bien équipé pour s’attaquer à l’homme. Ce virus a les armes pour déclencher une pandémie. On trouve en effet sur sa protéine Spike deux sites qui reproduisent des protéines spécifiques de l’espèce humaine : Le site furine et une séquence située sur le RBD (receptor binding domain) remarquable pour sa capacité à se lier à l’ACE2 ( enzyme de conversion de l’angiotensine). La furine et l’ACE sont présents dans de nombreux type de cellules humaines. La coexistence de  ces deux caractéristiques furine et récepteur à l’ACE dans un virus de la famille du virus SARS-Cov-2 est troublante. Cette éventualité a une probabilité infime voire nulle de se produire en milieu naturel.

Comment expliquer l’existence ce virus qui a toutes les caractéristiques d’un serial-killer ? Par l’intervention humaine,  il n’y a pas d’autres explications possibles. On sait en effet aujourd’hui que certains laboratoires de très haute sécurité (souvent classés P4) travaillaient à la transformation du virus sauvage en se servant de  technique de biologie moléculaire grâce auxquels ils obtenaient ce qu’on appelle des gains de fonction. Que signifie ces gains de fonction ? Pour le dire brièvement, il s’agit de renforcer le mécanisme naturel de mutation sélection. Ainsi,  en exerçant la pression sur la sélection, on augmente la pathogénicité et la transmissibilité du virus. Cependant depuis une dizaine d’années les techniques de génétique inverse permettent la fabrication de génomes de virus complètement synthétiques.

Quelle était la finalité de ces transformations ? Francis Collins directeur des NIH[1] nous l’explique : «  La recherche GOF ( Gain of Function) est importante pour nous aider à identifier, comprendre et développer des stratégies et des contre-mesures efficaces contre les  agents pathogènes en évolution rapide  qui constituent une menace pour la santé publique ».

Mais les choses sont allées encore plus loin, les arguments de Francis Collins ont pris la forme d’un véritable projet, ce projet, nommé DEUFUSE[2], avait pour mission d’anticiper une pandémie à coronavirus. Il se donnait pour tâche de fabriquer un virus transmissible à l’homme à partir du virus sauvage. Étonnement on retrouve dans les coronavirus virus proposés des caractéristiques moléculaires identiques à celles du SRAS-CoV-2. Le projet sera finalement rejeté par la DARPA (en français : « Agence pour les projets de recherche avancée de défense »).  

Dans le milieu scientifique on s’inquiète, on pressent le danger de ces gains de fonction. Si bien que 200 scientifiques réussirent à faire cesser ces expériences sous le mandat d’Obama qui officialise  la décision dans un moratoire datant du 17 octobre 2014. Les partisans des GoF n’abandonnent pas pour autant la partie et lèvent le moratoire le 19 décembre 2017 sous le mandat de Trump.

Il y a donc eu une obstination des scientifiques à fabriquer des virus hautement pathogènes. D’où la forte présomption que le virus de la pandémie se soit évadé d’un laboratoire  dans lequel l’homme l’avait doté d’un équipement mortifère et d’une capacité de transmission qui constituait une menace pour la planète entière.

Pouvait-on reconnaître devant l’opinion public le scenario accablant d’un virus provenant d’un laboratoire ? Certes non ! C’est pourquoi un article publié dans la très sérieuse revue Nature en mars 2020 plaide la thèse de l’origine naturelle du virus. Cet article s’impose comme une référence sur la question : il est cité dans 2650 articles et téléchargé  5,7 millions de fois. Gibbs, un professeur émérite Australien spécialiste dans l’évolution des virus  publie en avril 2023 un article qui conclue à l’absence de preuve de l’origine animale (donc naturelle) du virus. Ce même Gibbs nous apprend que la première version de l’article du Lancet affirmait exactement le contraire de la version publiée. Sous la pression de politiques haut placés, les auteurs ont été sommés d’écrire une conclusion diamétralement opposée. Antony Faucy, conseiller de la Maison Blanche pour la crise Covid-19 sera l’objet de graves accusations à l’occasion d’une audition publique au Sénat américain. On lui reproche d’avoir financé des expériences de gain de fonction au laboratoire de Wuhan.

Il y a décidemment chez ces partisans des gains de fonction quelque chose qui tient du pompier-pyromane. La pandémie à venir, si elle émane bien d’un laboratoire, infligera un retentissant échec au pompier, et une victoire éclatante au pyromane ! Nous nous trouvons actuellement devant une double menace : les pandémies déclenchées par l’homme et celles commises par la nature.

L’homme se trouve aujourd’hui à un moment de son histoire où il est devenu une menace pour lui-même. Les pandémies s’ajoutent à la funeste litanie des autres menaces : réchauffement climatique, bombe atomique, intelligence artificielle. Ces menaces s’accomplissent du fait d’un cumul d’évènements. Ainsi le réchauffement climatique résulte d’une multitudes de situations inscrites dans la durée qui larguent du CO2 dans l’atmosphère. La pandémie a ceci de particulier par rapport à ces autres menaces, c’est qu’elle procède d’un évènement unique, dérisoire, insignifiant qui provoque néanmoins  la mort  de quelque sept millions d’hommes. Effarante disproportion entre l’évènement déclenchant et ses effets. «La médecine tue, elle a toujours tué, elle a toujours eu conscience de cela [3]», mais, si la thèse du laboratoire devenait indiscutable,  jamais, depuis qu’elle existe, la médecine n’aura fait autant de morts.


[1] NIH National Institutes of Health (États-Unis), Institute nationaux de la santé au États-Unis.

[2] DEFUSE : Defusing the treat of Bat-Borne Coronavirus. DEFUSE est un projet commun de l’UNC ((Ralp Baric), de Wuhan  (Shi Zengi) et de EcoHealth (Peter Daszak). Il a été révélé au public par le major Joseph Murphy (US Marine corps)

[3] Michel Foucault, Dits et écrits t. II, Édition Quarto Gallimard, 2001, Crise de la médecine ou crise de l’antimédecine p. 44.

Remerciement : Je remercie vivement Hélène Banoun. J’ai trouvé dans son excellent ouvrage l’essentiel de la documention qui m’a servi à écrire ce billet.

Hélène Banoun, La science face au pouvoir. Ce que révèle la crise Covid-19 sur la biopolitique du XXIesiècle, Édition Talma.

Laurent Vercoustre

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