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Homo sapiens face à lui-même

L’histoire de l’espèce humaine serait-elle arrivée à son terme ? Elle avait débuté avec homo sapiens. D’un point de vue biologique, l’homme anatomiquement moderne, nommé Homo sapiens, apparaît en Afrique entre 150 000 et 100 000 ans. Homo sapiens va conquérir le monde. Les populations d’Homo sapiens s’implantent dans tous les écosystèmes et arrivent sur des continents et des îles jamais occupées auparavant par des singes ou d’autres hommes.

En réalité les paléontologues sont encore à la recherche du véritable premier homme. Homo erectus ancêtre d’Homo sapiens était apparu il y a plus d’un million d’années. Homo erectus a donné d’autres espèces d’Homo comme l’homme de Neandertal qui a cohabité avec Homo sapiens avant de disparaître pour des raisons encore inconnues.

On constate que tout au long de l’histoire de l’espèce humaine, les grandes transitions se réduisent. Alors qu’elles se comptaient d’abord en million d’années entre Homo erectus et les premiers Sapiens, puis en centaines de milliers d’années entre ces derniers et les Sapiens modernes, en dizaine de millénaire entre les Sapiens moderne et le Néolithique, en millénaires entre les premières agricultures et les empires archaïques, elle se compte en siècles au cours de l’histoire, et pour notre époque en décennies[1]

On est frappé par l’accélération fulgurante des progrès réalisés récemment par le genre humain. Nous appartenons à la génération qui a connu un progrès comme jamais l’histoire de la lignée humaine n’en a connu.  L’accélération commence au siècle des Lumières. Entre un citoyen romain et un homme du 17e siècle, il y a peu de différence, en tout cas beaucoup moins qu’entre cet homme du 17e siècle et l’homme du 21e siècle. Depuis les Lumières au 18e siècle, suivies de la Révolution industrielle au 19e siècle, l’humanité a vu sa condition s’améliorer grâce aux sciences, aux techniques et aux avancées sociales. Dans la seconde moitié du 20e siècle, l’espérance de vie a augmenté de plus de 20 années, la taille corporelle a gagné plus de 10 cm. Et voilà que dès les premières décennies du 21e siècle, apparaît Homo numéricus ! L’ère du numérique plonge l’ensemble de l’humanité au-delà de toute culture dans un même réseau d’échanges d’informations.

Le peuplement de la terre par sapiens a été un événement inouï dans l’histoire de la vie. La puissance écologique des humains n’a cessé de s’accroître d’Erectus à Sapiens. On estime que la population de Sapiens se situait autour de 5 millions. On s’inquiète aujourd’hui d’une population humaine qui attendra les 10 milliards à l’horizon 2050.

La réussite exceptionnelle de Sapiens dans l’évolution est en passe de menacer sa propre survie. Aujourd’hui le péril représenté par le réchauffement climatique causé par les activités humaines surplombe tous les discours, politiques, économiques, philosophiques, éthiques. Les cris d’alerte se font de plus en plus pressants. Les glaciers  fondent au Groenland. La concentration de gaz à effet de serre atteint des records. Les canicules inquiètent. Sans oublier, l’Amazonie  en proie aux flammes il y a quelques mois. Les dernières projections du GIEC sont que la température à la surface du globe pourrait croître de 1,1 à 6,4 °C  au cours du 21e siècle.

Le réchauffement climatique a des effets catastrophiques sur la biodiversité. Il faudra peut-être bientôt dire adieu à plusieurs centaines de milliers d’êtres vivants. Entre 500 000 et 1 millions d’espèces pourraient en effet disparaître dans les prochaines décennies [2].

Et, dans cette déroute écologique, l’espèce humaine pourrait bien aussi disparaître. Car rien y fait : ni les alertes scientifiques, ni les mobilisations citoyennes, ni les messages et vidéos vus des milliards de fois sur les réseaux sociaux : nos civilisations restent prisonnières d’un modèle de développement destructeur qui n’offre aucun avenir.

Des historiens, philosophes ou essayistes, travaillent aujourd’hui la question. Bien qu’ils refusent souvent le terme, on les désigne sous le nom de « collapsologues » : les penseurs de l’effondrement. Pour ceux-ci l’effondrement de notre civilisation serait donc une certitude, et la disparition de l’humanité une hypothèse plausible.


[1] Sources : Pascal Picq, Sapiens face à sapiens, Editions Flammarion.

[2] Selon la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques ( Ipbes) le «  Giec de la biodiversité ».

Laurent Vercoustre

18 Commentaires

  1. Je vous conseille de lire l’ouvrage de Stéphane Foucart,  » Et le monde devint silencieux  » paru au Seuil, sur la principale cause de l’effondrement du vivant, qui n’est pas le réchauffement climatique mais un mal bien inutile dont l’agrochimie est l’unique responsable. Ni les pouvoirs publics, ni les chercheurs, ni les institutions européennes, ni les médias, ne peuvent arrêter la destruction accélérée du vivant et vous venez d’en faire l’éclatante démonstration, Monsieur Vercoustre, en relayant le discours des agrochimistes qui consiste à dire que la destruction du vivant a des causes multiples liées à notre mode de vie, que les pesticides n’y sont pour rien et que l’on ne pourra rien y faire, sauf à revenir à l’âge de pierre. Le système de défense et de communication du lobbying de l’agrochimie rappelle trait pour trait l’efficacité du lobbying du tabac qui était parvenu à berné tout le monde pendant des décennies. Le tabac a finalement échoué à cause du trop grand nombre de médecins et potentiels contradicteurs. Les spécialistes du vivant ne sont que quelques centaines..

  2. s’inquiéter du réchauffement climatique ,c’est réfléchir sur l’avenir de l’homme :qu’il soit toujours sapiens paraît souhaitable et digne de notre confiance .

  3. Je suis en partie d’accord avec votre texte sauf pour 2 points . Vous dîtes « Homo Erectus a donné d’autres espèces d’Homo comme l’homme de Neandertal qui a cohabité avec Homo sapiens avant de disparaître pour des raisons encore inconnues. «  Mais on connaît bien maintenant la raison de sa disparition : Il a été phagocyté en une dizaine de milliers d’années de cohabitations par l’homme de Cromagnon, plus agressif et plus séduisant ( l’humain ne change pas, la femme encore moins…) et on a encore 0,4 % des gènes du Néanderthal dans nos populations d’Europe dite « blanche » et même parmi celle des « Afro-Américains » , mais pas chez les Africains issu d’Afrique actuellement.
    Pour démonstration, voici un lien qui montre que même le « Sapiens » actuel a subi un brassage violent sur quelques 500 années d’envahissement par les « Yamnayas » il y a 5000 ans qui éliminaient majoritairement les hommes et qui ont imposé leur mode de vie, conf . Également un article de S&V d’octobre, n°1225, donc on connaît les raisons :
    « Homo erectus a donné d’autres espèces d’Homo comme l’homme de Neandertal qui a cohabité avec Homo sapiens avant de disparaître pour des raisons encore inconnues. « 
    http://rage-culture.com/les-yamanayas-le-peuple-a-lorigine-de-la-majorite-des-europeens-modernes/
    Par ailleurs, sans nier l’impact des activités humaines sur écosystème qui reste quand même selon certains assez minces , lequel écosystème est régulé par les différents glaciations dans son histoire. Il y a en fait deux très grands dangers qui menace l’ensemble de la planète : Les bouleversements par l’activité volcanique : Le Vésuve par exemple est en plein « réveil » si je puis dire, les études montrent que sont activité explosive concerne une zone de 120 Kms … Si ça éclate, bonjour les dégâts !
    Une autre « bombe » encore plus puissante est le réveil en cours de l’activité volcanique du parc de Yellowstone aux USA et alors là … plus de problèmes de réchauffement climatique, voir l’impact des poussières ou des retombées de certains volcans d’Islande dans l’histoire et encore récemment ( 201O).
    En comparaison, notre impact sur une disparition hypothétique du sapiens me paraît être «  du pipi de chat ». Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire et toute initiative individuelle est bonne à prendre.
    De toute façon ce ne sont pas 5 millions de sapiens qui ont essemé la planète mais selon des études scientifiques, ce sont quelques centaines d’individus survivant de la dernière grand glaciation qui ont repeuplé le monde. Alors, il reste de l’espoir.

      • Merci pour votre indulgence. Juste pour sourire un peu et je ne résiste pas au plaisir de partager dans le lien suivant, recueilli dans un site que je fréquente sous un autre pseudo, étant moi-même enfant des années 50-60 et originaire de la région, un texte, que dis-je une anthologie du passé, qui démontre que si nos grands parents et nous-même ont échappé à ça, nos enfants et nos petits enfants feront de même :
        https://nostalgia.blog4ever.com/articles/je-vous-parle-d-un-temps
        A savourer les illustrations des médicaments qu’ingurgitaient nos grands parents, ne pas sauter la diapo de la fin.
        En guise de cadeau de Noël, sincèrement et bon Noël.

        • Bonjour, Merci, « Inoxydable », du lien que vous proposez. En ce qui concerne la vie dans les années 40-50, j’ai cependant mieux ! Lire mon livre « le miracle permanent », où, avant de débuter le récit des « études », puis de la vie professionnelle, j’essaie, en quelques 150 pages, de plonger le lecteur dans notre vie d’alors, dans les petites fermes du Périgord Noir, avant le « progrès » de la révolution industrielle, permis par la découverte du trésor caché de notre terre (pétrole, gaz, houille, qui avaient emmagasiné l’énergie solaire de millions d’années auparavant…). Grands irresponsables et parfaits égoïstes, nous le dilapidons en un éclair de temps par rapport à l’éternité, en préparant peut-être notre fin grâce au réchauffement climatique et autres particules fines… L’espoir réside dans la découverte des moyens pratiques de capter cette énergie solaire au jour le jour… Elle serait suffisante pour encore plusieurs milliards d’années, sauf imprévu… Mais il faudrait parallèlement que nous devenions raisonnables quant à nos dépenses énergétiques… Il nous reste à faire confiance à l’Humanité, en faisant d’abord tout ce que nous pouvons faire individuellement, et en tentant d’en faire prendre conscience le maximum de nos concitoyens !!!
          « Le miracle permanent » Maxime JOUSSEIN
          Auto-édité : miracle.permanent@orange.fr

          • « Il nous reste à faire confiance à l’Humanité, en faisant d’abord tout ce que nous pouvons faire individuellement, et en tentant d’en faire prendre conscience le maximum de nos concitoyens !!! »
            C’est en effet ce qu’il faut faire :Agir soi-même et tenter de convaincre les autres acteurs en réveillant leur conscience. Las, on a un peu trop tendance à faire confiance aux « politiques » pour ça … grave erreur.

  4. Chacune de mes petites cellules nait un jour, fait son petit travail, puis meurt et une autre prend sa place. Sauf maladie perturbant le cycle.
    Moi-même irai au cimetière.
    Pourquoi en serait-il autrement pour notre espèce ? Homo Sapiens Sapiens ne peut que disparaitre. Plus rien après disent les collapsologues ou naissance enfin d’un Homo Sapiens Sapiens Sapiens encore imprévisible par les liseurs dans le mare de café pateaugeant dans une intelligence artificielle qui n’est encore qu’un mythe ?

  5. Le scepticisme n’est pas une tare que je sache, mais plutôt une nécessité scientifique. Vous la confondez avec du negationisme. Après m’être longuement documenté par curiosité sur ce fameux réchauffement climatique et sans me contenter de lire les avis du giec, mon scepticisme n’as fait que se confirmer. Tout au plus , peut-on conclure à un réchauffement récent comme il y en a eu tout au long de la vie sur terre. Les projections à long terme comme le faisait déjà remarquer Allegre, sont quasiment toujours prises en defaut avec le temps, et lorsque les faits vont à l’encontre des prévisions, les climatologues trouvent toujours une explication tirée par les cheveux pour s’en sortir. Quand au rôle de l’homo sapiens dans le climat, il semble faire partie de ce catastrophisme ambiant qui semble trop profitable à certains pour être honnête . Et pourtant, croyez moi, je suis persuadé que la terre est ronde, que l’univers est en expansion et qu’ il faudrait s’occuper plus serieusement de la pollution que ce soit des villes , de la mer et des champs.

    • Il y a toujours eu des variations climatiques avec alternance de réchauffements et de périodes glacières.Là dessus tous les scientifiques sont d’accord.Mais le dernier réchauffement de 5 degrés de notre planète s’est déroulé sur 10 000 ans…La question crucial est l’échelle de temps, or le réchauffement climatique créé par les activités humaines se déroule sur un temps beaucoup plus court, à l’échelle du siècle… L’humanité n’aura pas le temps de s’adapter aux conséquences d’un réchauffement aussi rapide….Un réchauffement de 5 degrés en 2100 c’est élévation de 5 à 8 m du niveau des océans, c’est la disparition des ports des estuaires .etc…

  6. Bonjour,
    Beau texte, juste
    Les hommes oublient que la Terre est finie et donc les ressources aussi
    Nous voulons toujours plus alors que nous devrions être dans la sobriété heureuse comme le prône si bien Pierre Rabhi
     » La croissance dite économique tue réellement, en s’appuyant sur le toujours plus comme nouveau mythe quasi religieux, incompatible avec la réalité naturelle »
    « La lâcheté des connivences du politique avec le profit aveugle est et sera responsable d’un désastre mortel sans précédent »
    « L’avenir sera sobre ou ne pourra être »
    Chacun d’entre nous doit faire sa part
    Je pense que l’effondrement aura sûrement lieu seront nous à la hauteur??

  7. La part de responsabilité de l’homme dans ce réchauffement reste à démontrer. Comment le CO2 qui ne représente pas grand chose parmi les gaz atmosphériques pourrait il être un gaz à effet de serre? Hautement improbable. Cette théorie sert surtout à nous faire payer une taxe carbone. Admirons cette magnifique arnaque. Et si l’activité humaine entraîne un réchauffement climatique il faudrait qu’on nous explique par quel mystère il y avait, il y a 1000 ans, des villages, des chemins et des vignes, au Groenland, là où se trouvaient des Vikings, alors qu’en ces endroits on trouve actuellement des épaisseurs de glace notables. Notons, en outre, que le taux de CO2 dans l’atmosphère augmente, selon certaines études, après le réchauffement des océans et non pas l’inverse comme on nous le raconte.

  8. Le réchauffement climatique n’est pas du à l’activité humaine mais à la modification de l’activité solaire ce sera bientôt enfin reconnu malgré les fausses affirmations du giec

    • Merci pour votre réaction, vous êtes donc un climatosceptique. C’est votre droit, il reste que nier aujourd’hui l’impact des activité humaines sur le climat est à peu près équivalent à nier que la terre est ronde !!!

    • réchauffement climatique ou pas le problème avec l’activité humaine reste entier : nous assistons à une modification rapide du climat mais aussi à une destruction écologique de notre environnement par des causes multiples d’origine humaine. l’humanité est un cancer sur la terre, il y a un processus commun entre ce qui arrive au niveau mondial et ce qui se passa sur l’île de Pâques … seul des irresponsables, incultes ou des trolls font ne voient pas le phénomène. Pourquoi la riviére de mon enfance ressemble maintenant à une canalisation d’égout à ciel ouvert, vide de vie ? Pourquoi les forets ne sont plus giboyeuse comme autrefois ? etc etc etc … réveillez vous monsieur, ça se passe prés de chez vous !

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