L’histoire, décidemment, est capable de scénarios qui défient l’imagination. Pouvait-on concevoir que l’ordre du monde soit un jour entre les mains d’un personnage comme Trump ? Comment se fait-il qu’après Obama, Obama qui était l’élégance faite homme, la présidence des États-Unis se vautre dans la vulgarité d’un Trump ?
Il y a la vulgarité, mais il y a aussi chez Trump le grotesque. On ne compte plus ses dérapages ubuesques. L’un de ses plus catastrophiques est celui d’un meeting en Floride le 10 août 2016, il était alors candida à la présidentielle et lance avec force insistance : « Barack Obama est le fondateur de l’État Islamique » , Il répète à trois reprises cette ahurissante affirmation. Une autre fois, il utilise le vocabulaire du jeu de golf, pour expliquer les circonstances du meurtre d’un noir américain par un policier ( 7 balles dans le dos). Il dit exactement : « Des policiers craquent, comme dans un tournoi de golf, ils ratent un putt d’un mètre. » Ici on peut dire que le grotesque verse vers l’infâme. J’ai choisi ces deux exemples parce qu’ils me paraissaient les pires parmi toutes les élucubrations ubuesques de Trump. Élucubrations dont la liste est longue au point qu’elles ont été l’objet d’un livre.[1]
Comment ce personnage raciste et grossier, affublé d’une personnalité narcissique et d’opinions politiques aussi frustres a-t-il pu s’imposer au point d’être élu à la présidence de le première puissance mondiale ?
Pour répondre à cette question, je me tournerai une fois de plus vers mon cher Michel Foucault. Dans son cours au collège de France du 8 janvier 1975 Foucault nous propose une interprétation de ce qu’il nomme « la souveraineté grotesque. »
Foucault nous rappelle que cette souveraineté grotesque est un mode de pouvoir qui existe depuis l’Antiquité. L’histoire de l’Empire Romain nous en donne des exemples éclatants. De Néron à Héliogabale, le fonctionnement du pouvoir grotesque, de la souveraineté infâme, a été perpétuellement mis en œuvre dans le fonctionnement de l’Empire romain.
Quel est donc le mécanisme qui conduit à la maximalisation des effets de pouvoir à partir de la disqualification de celui qui les produit. Pourquoi ce pouvoir grotesque, ubuesque ou simplement ridicule n’affaiblit pas le pouvoir mais au contraire le renforce. Parce qu’il manifeste de manière éclatante, l’incontournabilité, l’inévitabilité du pouvoir. Ce pouvoir peut alors précisément fonctionner dans toute sa rigueur alors même qu’il est entre les mains de quelqu’un qui se trouve effectivement disqualifié. J’oserai, toujours dans le sens de la pensée de Foucault, aller un peu plus loin dans l’explication. Le pouvoir ne peut plus venir du pouvoir légitime car il s’est disqualifié par ses conduites grotesques. Il est pourtant toujours présent, mais comme une entité indéfinissable, et insaisissable avec laquelle il est impossible de négocier. Le pouvoir grotesque, au fond, sert de faire valoir à un pouvoir arbitraire, brutal, implacable, qui n’a de compte à rendre à personne. Les dérapages, les multiples condamnations de Donald Trump n’ont pas joué en sa défaveur, elles ont bien au contraire été le principal facteur de sa réélection.
Il y a peut-être une autre explication. Nous vivons une période angoissante, une période de tous les dangers, changement climatique, pandémie, menace nucléaire, intelligence artificielle. Ces menaces nous mettent en face de notre propre disparition.
Le peuple américain cède à la tentation de se rallier au discours d’un Trump qui est dans le déni de toutes ces menaces. Ce peuple américain dans De la Démocratie en Amérique ( 1835), Tocqueville nous le décrit avec perspicacité « Dans les sociétés démocratiques, chaque citoyen est habituellement occupé à contempler un très petit objet, qui est lui-même. […] Il n’a que les idées très particulières et très claires, ou des notions très générales et très vagues : l’espace intermédiaire est vide. » Et plus loin Tocqueille analyse les conséquences de cet état d’esprit : « Quand on l’a tiré de lui-même, [le citoyen] s’attend donc toujours qu’on va lui offrir quelque objet prodigieux à regarder, et ce n’est qu’à ce prix qu’il consent à s’arracher un moment aux petits soins compliqués qui agitent et charment sa vie. Ne trouvant plus de matière à l’idéal dans le réel et dans le vrai, les politiques en sortent entièrement et créent des monstres », conclut Tocqueville.
[1] Les pensées de Donald, Ça Trump énormément ! – » Je pourrais tirer sur quelqu’un, je ne perdrais pas d’électeurs. » Collectif, Olivier Duhamel, Le Cherche-Midi. Les
Bonjour,
Je suis aux US, a Chicago. Grand fief liberal évidemment. Oui, j’ai vote. mais enfin, on sait tous que L’Illinois est toujours Démocrate. Trump a été élu grace aux » petits blancs » et les états pauvres du Sud. Il a joue la carte du grand » protecteur » en disant vouloir bloquer l’immigration illégale. Son message:Tous ces immigres illégaux viennent prendre leurs jobs, leurs villes, leurs benefices sociaux, ne payent pas d’impôts, etc..bref, les envahir. Meme les Noirs, et Latinos évangéliques ont votes pour lui. La campagne de Trump a été finance par millions par Elon Musk en 1er, et d’autres. Elon Musk est grandiose, et veut devenir president. Il ne peut le devenir car il est ne en Afrique du Sud. Mais par contre il peut devenir son grand conseiller, ce qu’il est maintenant a la tete de « DOGE » ( avec Ramaswamy ). Trump n’est pas tres intelligent. Il admire Elon Musk et sont devenus grands potes. Tous les noms annonces en ce moment des différents ministres, chefs, etc sont en fait choisis certainement par Musk. Bref, une fois que vous comprenez que toute la campagne, elections, et maintenant l’organisation du nouveau gouvernement est +/- dirigée par Musk, derriere la figure de Trump, vous y voyez plus clairement. Maintenant, a voir comment ils vont faire: augmenter les taxes d’imports vont évidemment impacter tous les secteurs, et donc l’inflation. Nous sommes tous perplexes.
Merci pour toutes ces précieuses informations venant d’un homme qui est sur le terrain!!
Comment un personnage pareil a t il pu être élu Président des États unis? C’est bien là votre question? Vous survolez un peu trop les choses, mon cher confrère. 1 – Les électeurs Américains ont parfaitement compris que l’élection de Biden avait été truquée dans les grandes largeurs (Biden l’a avoué dans un accès de gâtisme aigu) même des démocrates ont été scandalisés. 2 – Leur pouvoir d’achat a perdu 20% environ avec les démocrates. 3 – Ils ne veulent plus de cette guerre avec la Russie par Ukraine interposée. 4 – Ils ne veulent plus (comme nous) de cette invasion migratoire. Etc.. Vous trouvez le personnage grossier? Vous êtes bien certain que Napoléon, De Gaulle, Chirac, Sarkozy, Macron et consorts n’ont pas, eux aussi, sorti quelques énormités? C’est vraiment un détail. Les Américains n’ont pas oublié, par ailleurs, que lors du mandat de Trump, le chômage a diminué, les salaires ont augmenté, un tas de règlements paralysants ont été supprimés, et surtout, surtout, Trump n’a déclenché AUCUNE GUERRE. La souveraineté grotesque de Foucault, à mon avis, ne s’applique pas à ce personnage qui est un vrai patriote, contrairement à ses adversaires. Quant à Obama, sauf erreur de ma part, il est musulman et, si ce n’est pas lui, il semble de plus en plus probable que les US ont utilisé les Islamistes pour arriver à leurs fins, en Syrie par exemple. Rappellez vous, parallèlement, les paroles de Fabius.
Je vous remercie pour votre réaction qui me donne l’occasion de « ferrailler » un peu avec vous.
Il y a aujourd’hui un impératif d’ordre éthique selon le philosophe Hans Jonas, un impératif absolu, un impératif qui relègue au second rang tous les autres impératifs, un impératif planétaire, c’est la lutte contre le réchauffement climatique, réchauffement climatique dont l’enjeu est la disparition de l’homme. Réchauffement climatique dont personne ne peut douter tant les preuves scientifiques sont désormais acquises. Enfin réchauffement climatique qui semble se rapprocher de nous beaucoup plus rapidement que prévu. Tout comportement humain qui mettrait en doute le changement climatique relève de la délinquance. Ce qui s’est produit aux USA : l’alliance de tout un peuple avec un président immature et dans le déni de ce réchauffement est extrêmement inquiétant.
Donner comme équivalent la grossièreté de Trump avec celle d’un Napoléon, d’un De Gaulle, d’un Chirac, d’un Sarkozy ou d’un Macron, c’est se tromper sur ce qu’on appelle la grossièreté. Certes les mots grossiers peuvent être les mêmes dans la bouche des personnalités que vous énumérez, la différence est que ceux qui les prononcent ont un capital culturel à des années lumières de celui de Trump. C’est un peu comme Desproges qui disait : « on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui » et bien là c’est un peu la même chose on peut dire des mots grossiers mais pas avec n’importe quelle culture.
Vous faites état des bons résultats de Trump dans le domaine économique, il faut là, cher collègue modérer votre enthousiasme. Une bonne part de ces bons résultats ont été obtenu parce que Trump s’est précisément débarrassé de toutes les contraintes qu’imposaient la lutte contre le réchauffement climatique. Enfin vous ne dites pas que la dette publique s’est creusée considérablement pendant le règne de Trump.
Vous admirez Trump parce qu’il n’a pas fait de guerre, vous écrivez en majuscule PAS DE GUERRE. Vous faite de « ne pas faire la guerre » un finalité en soi. Ce qui n’a aucun sens. Ce qui a du sens c’est de faire la guerre au nom de mobiles éthiques ou de ne pas la faire pour les mêmes raisons. Fallait-il ne pas faire la guerre aux Nazies ?
Recevez mon cher confrère mes bien cordiales salutations.
Je vous ai répondu par ailleurs, cher confrère, je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, ni sur le climat, ni sur Trump. Je ne reprendrai pas ici mes arguments. Bien à vous.
Bravo Mr Vercoustre pour cette réponse dont je partage tous les arguments…
pour mémoire Obama est le président qui a fait le plus de guerres au cours de son mandat, Trump n’en a fait aucune.