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Tests PCR et fake news

90% des cas confirmés par PCR seraient des faux positifs. C’est la rumeur qui court sur les réseaux sociaux. Elle est relayée par les « rassuristes », comme le Professeur Toussaint et le Professeur Perronne.

Cela a commencé par une vidéo YouTube tirée de One America News Network, une chaîne de télévision américaine confidentielle, mais prisée de Donald Trump. La présentatrice Liz Wheeler y affirme « selon un nouveau rapport, qui fait l’effet d’une bombe, que jusqu’à 90 % des tests Covid-19 positifs (…) auraient dû être négatifs ». L’affirmation serait tout ce qu’il y a de plus fiable, selon elle, car ce « rapport » serait venu du New York Times. En réalité dans Cet article du NYT existe bien, les spécialistes interrogés estiment que le test PCR est trop sensible mais ne parlent pas de faux positifs.

Un test positif témoigne que le sujet a rencontré le virus. La technique PCR n’admet pas d‘exception à cette règle: il ne peut y avoir de faux positif. Cependant le test ne détecte pas des virus entiers en état de marche, mais des morceaux de ce virus actif ou non. Il peut donc détecter des petits morceaux de virus d’une infection qui datent de plusieurs semaines, voire plus. Dans un test PCR il y a un facteur très important, c’est le CT (Threshold Cycle). Il s’agit du coefficient d’amplification de l’ADN (l’ARN viral est transformé en ADN), c’est à dire du nombre de cycles d’amplification. Plus il y a de virus dans l’échantillon de départ, moins il faut de cycles pour l’amplifier et le détecter. Inversement, moins il y a de matériel génétique viral, plus il faut de cycles.

Dans un article du New York Times paru le 29 août dernier, des professionnels pointent l’insuffisance de la seule réponse binaire au test PCR (« oui, vous êtes positif », ou « non vous ne l’êtes pas »). Elle ne nous dit pas si le sujet est en phase d’infection active, et donc contagieux.

Ce qu’on demande à un test, en plus d’authentifier la rencontre avec le virus, c’est d’évaluer le degré de contagiosité du sujet. « On connaît à peu près les équivalences entre le nombre de cycles et la quantité de virus que ça représente » nous append Cédric Carbonneil [1]. Mais le problème vient que l’on « ne connaît pas aujourd’hui la ‘valeur seuil’ qui pourrait dire : vous êtes encore contagieux ou pas ». Ce n’est pas nécessairement parce que vous transportez une faible quantité de virus avec vous que vous serez inoffensif pour autrui. Dans le Monde daté du 9 septembre, le docteur Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat et membre du conseil scientifique, estime qu’il est presque acquis actuellement qu’en dessous de 24 cycles, on est contagieux, et que le risque diminue progressivement au-delà. Un virologiste de l’Université de Californie indique dans l’article du NYT qu’au-delà de 35 cycles d’amplification, les tests détectent plutôt des fragments d’ARN, restes de l’infection qui ne posent plus de risque particulier. D’après une étude rapportée par le NYT concernant les états du Massachussetts, de New York et du Nevada, 90% des prélèvements ayant nécessité 40 cycles d’amplification n’auraient pas été désignés positifs si la limite d’amplification avait été de 30 cycles.

Cependant, un test PCR donne une information à un temps T et ne préjuge pas d’une évolution. Si on trouve chez une personne une valeur de CT élevée, donc une faible charge virale, cela signifie qu’elle n’est probablement pas transmettrice au moment où elle fait le test, Mais rien ne dit que deux jours après, le virus ne s’est pas en fait multiplié et la charge virale amplifiée, car la personne était en phase ascendante. 

En France, le CT, fixé par chaque laboratoire, tourne autour de 35 à 45 cycles. On « ratisse » donc très large. Aussi le nombre de cas augmente tous les jours, jusqu’à atteindre aujourd’hui 50 000. Il nous faut relativiser l’importance médiatique et politique accordée à ces « cas » qui, ne sont pas toujours contagieux. Pour évaluer la sévérité de l’épidémie, il est plus pertinent de considérer le nombre de personnes admises en soins intensifs ou décédées. Ces deux critères évoluent malheureusement à la hausse et font craindre une deuxième vague particulièrement meutrière.


[1] Chef du service d’évaluation des actes professionnels de la Haute autorité de Santé

Laurent Vercoustre

6 Commentaires

  1. Merci Docteur pour cet article que je trouve parfaitement objectif , alors que je me range plutôt dans le camps opposé au votre des « rassuristes et raoultiens ». Il faut en effet saluer cette fois le Pr Yazdan Yazdanpanah , qui malgré son appartenance au « système » (Conseil Scientifique, Gilead, etc)
    a dit cette vérité de nature à réduire la porté de la communication officielle (50000 positifs par jour, etc).

  2. Merci beaucoup pour cette info, qui confirme avec précision ce que j’ai pu lire en quelques lignes expéditives… On peut donc bien relativiser d’un côté, mais notre galopante réalité nous rattrape de l’autre.
    Et si toute cette réalité, bien négative, était d’abord tout aussi faussement positive ? Si on pouvait tous se réveiller dans un ailleurs bien meilleur pour constater qu’ici bas, la vie n’était que songe et illusion ?!
    (un brin de « philo » accompagne ces labyrinthes de la science… En espérant que le sens courant du mot « positif » puisse, lui aussi, résister aux tests de notre époque !).

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