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Les Beatles

Assez parlé de la Covid. Cette fois le sujet c’est les Beatles, une de mes grandes passions. Passion un peu ringarde !? Pas tant que ça, si on en juge au fait que le 4 octobre 2019 l’album Abbey Road,  50 ans après sa sortie initiale,  s’est hissé à nouveau en tête du hit-parade ! Une enquête faite à cette occasion a montré que l’auditoire de cet album était essentiellement constitué de jeunes et non pas de papy boomers nostalgiques. Et puis les Beatles sont revenus sous les feux de la rampe avec un documentaire de près de huit heures produit par Disney. Ce documentaire est tiré de près de 60 heures d’images inédites, tournées lors des séances de répétition et d’enregistrement de Let It Be leur dernier album.


Les Beatles à l’apogée de leur gloire étaient perçus comme une entité indivisible. De leur association émanait une sorte d’alchimie qui a transformé la pop musique l’élevant à des sommets jamais atteints. Ce quatuor magique s’est malheureusement désuni. Et, il faut bien reconnaître que, même si on trouve encore quelques perles au cours des années solo, George, Paul, John et Ringo ne reviendront jamais au niveau qu’ils avaient atteint ensemble dans les années 60.

On sait que la majeure partie de leur génial répertoire a été composé par  le duo Paul Mac Cartney et John Lennon. Combien pourtant, leurs personnalités étaient dissonantes. Il y avait d’un côté John, l’introspectif, l’écorché vif, le revendicateur, de l’autre, Paul le gentil, le conformiste, l’optimiste. Ils affirmeront leur leadership alternativement. Dans la période 1962-1965 c’est Lennon qui domine et dans les années studio 1966-1970, celui-ci basculera du côté de Paul.

Il y a un peu de Mozart, chez Paul McCartney,  dans le sens où leur inspiration semble relever d’une grâce divine. Composée à 21 ans, Yesterday, sans doute une des plus belles chansons de tous les temps, Paul l’a d’abord rêvée. Il dormait ce soir-là chez sa petite amie Jane Asher. À son réveil, il s’empresse de la noter. Il est persuadé que son rêve est une réminiscence d’un air qui existait déjà, et il n’aura de cesse de demander autour de lui d’où venait cette mélodie. Ce n’est qu’au bout d’une semaine qu’il finit par admettre que c’était bien lui le créateur. La chanson Let It Be  aussi intemporelle que Yesterday, est née dans un contexte analogue. Paul McCartney rêve que sa mère, qui est morte d’un cancer du sein alors qu’il n’avait que 14 ans, lui rend visite. Dans son rêve, sa mère lui aurait simplement dit “just let it be”.

Quant à Lennon, ses chansons trahissent l’usage de la drogue, et surtout du LSD. Ce qui ne l’empêche pas de produire des petits chefs d’œuvre comme Strawberry Field for Ever. Le titre faire référence à un orphelinat Strawberry près duquel il venait jouer lorsqu’il était enfant et qu’il transforme en un endroit magique. L’enregistrement est l’occasion d’innombrables expérimentations qui nécessitent un mois de travail. Le résultat se place à l’avant-garde de tout ce qui se fait à l’époque.

On aurait tort de croire que Harrisson n’existe que dans l’ombre de Paul et de John. Même s’il ne compose que de rares chansons, il apporte beaucoup au groupe par sa créativité. Il sera le premier à se servir d’une guitare électrique douze cordes. Un de ses faits d’arme majeur est d’être le premier musicien en pop rock à s’enregistrer à l’envers. Le procédé sera appliqué pour la première fois sur la chanson I’m only sleeping, renforçant ainsi l’effet lénifiant de la mélodie. Parmi toutes les découvertes de Georges Harrisson, il y en a une qui va marquer durablement sa carrière, c’est celle de la musique indienne. L’étincelle se produit à l’occasion du tournage du film Help. Des musiciens sont engagés pour jouer dans une scène du long métrage. Harrisson est fasciné par l’imposant sitar indien . Il se procure immédiatement des disques de la référence en musique indienne Ravi Shankar. C’est sur la magnifique chanson Novegian Wood (This Bird Has Flown) que le sitar indien fait son entrée dans la musique pop. À la toute fin du groupe Harrison impose son répertoire avec des chansons comme Something et Here come the sun, While my guitar gently weeps, qui égalent voir dépassent celles du duo John et Paul.

N’oublions surtout pas Ringo, son caractère jovial, facile à vivre, joue un grand rôle dans l’équilibre du groupe. Il aime que tout se passe bien. Au début c’est lui qui plait le plus au fille et qui reçoit le plus de lettres de fans.Il ne laissera que deux titres dans le répertoire des Beatles Don’t pass me by et Octopus’s garden.

Georges Martin, le producteur du groupe, musicien classique, qu’on appellera le 5e Beatles,  contribue à élever encore le niveau musical, déjà très riche des Fab Four. C’est à lui que l’on doit les trompettes dans la chanson Penny Lane et qui écrit la partition pour le double quatuor à cordes qui accompagne la voix de Paul McCartney dans la chanson Eleonor Rigby.

Pour Léonard Bernstein, qui est le chef de l’orchestre philarmonique de New York, les Beatles étaient les meilleurs auteurs compositeurs depuis Gershwin. À propos de la chanson Got to get you into my life, il disait  :« Songez seulement à l’originalité d’un air des Beatles comme celui-ci : I was alone, I took a ride, I didn’t know what I would find there…  Cela pourrait presque être du Schumann ; c’est si expansif, si romantique ! » On les compare aussi à Beethoven, à Schubert pour la mélodie si gracieuse de l’album Sergent Pepper she’s leaving home. Avec eux s’efface la frontière entre la haute culture et la culture pop. La comparaison à Shakespeare revient régulièrement sous la plume d’auteurs britanniques. Il ne s’agit pas de mettre à égalité la production artistique des Beatles et celle de  Shakespeare. L’égalité vaut pour leur capacité à incarner la culture britannique.

L’album Sergent Pepper est véritablement la bande son  du summer of love ( été de l’amour, 1967), de cet été qui a vu les hippies du monde entier affluer vers le quartier de Haight-Ashbury à San Francisco.

Le phénomène Beatles reste un mystère. Ces quatre personnages ont inventé une musique qui, des années après, capte l’attention et l’affection de générations entières.

Laurent Vercoustre

8 Commentaires

  1. Il est possible de passer un Master en Beatlesology à l’université de Liverpool, si ça vous intéresse. =)
    Ce que j’aime surtout avec les Beatles c’est la mythologie qui les entoure, les dessous de la création, les intrigues…Les 3 albums Anthology, sorti à la fin des années 90, nous ouvrent une fenêtre sur les enregistrements, les différentes version d’une même chanson, c’est fascinant !
    merci pour le partage

  2. Merci Laurent Vercoustre pour ce billet qui fait du bien au retour des vacances. Et on y apprend encore des choses ! Ce groupe a baigné mon enfance dans les années 70 alors que le groupe était déjà séparé. Il reste une pierre d’ancrage dans mes références musicales et artistiques aujourd’hui avec peut être une préférence pour la période Help-Rubber Soul-Revolver. Vincent D.

  3. Bonjour, bel article sur mon groupe favori depuis très longtemps.
    Si vous êtes intéressé par cette musique intemporelle et géniale, contactez-moi et je vous ferai partager mes trouvailles audio et vidéo, gracieusement bien entendu! All you need is BEATLES!
    Régis

  4. Bel article ma foi sur ce groupe intemporel et génial que
    j’adore depuis toutes ces années ! Si vous appréciez les raretés je me ferai un plaisir de partager mes trouvailles audio et vidéo, gracieusement of course ! All you need IS beatles ! Contactez moi !
    Régis

  5. Je n’ai jamais acheté un disque des Beattles mais leur sons, leur chansons ont percé mes soirées d’entraînement de musculation dans le club privé de quartier ou je m’entrainais; Leur airs me suivaient lorsque je retournais chez moi.
    J’avais 16 -17 ans; tout une époque.

  6. Bravo.

    Je ne savais pas que vous aviez une passion pour les Beatles.
    on reconnaît le fan inconditionnel de ce quator mythique du rock qui a marqué à tout jamais l histoire de la musique actuelle.
    Super billet qui donne envie de réécouter certains morceaux.

  7. Merci pour cette rétrospective qui m’a replonge dans mon adolescence (eh oui, j’étais plus Beatles que Stones…)

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