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Quand la liberté tue la liberté

L’une des pires choses qui puisse arriver à la cause de la liberté, c’est sa destruction au nom de la liberté. (Denys de Béchillon professeur de droit public)

La thèse que j’ai défendue dans mon dernier billet a suscité des réactions très critiques de la part de quelques-uns d’entre vous. Je les remercie, car après tout, la fonction d’un blog n’est-elle pas de provoquer des débats contradictoires.

Faisons juste un petit tour du côté de l’étymologie du mot débattre avant de revenir à la question de la liberté. Le verbe débattre à l’origine est relié au mot souche battre, et signifie donner des coups. Puis le sens évolue et en 1283 il est repéré dans les textes avec une signification toute différente et même opposée. Débattre prend le sens  d’une discussion pacifique. En somme débattre pour ne pas se battre. Alors continuons à débattre sur le pass sanitaire et la liberté.

La polysémie du mot liberté est à vrai dire vertigineuse. J’avais gardé dans un petit coin de ma mémoire la conception de Montesquieu, tant elle me paraissait étrange et contradictoire avec l’idée qu’on a spontanément de la liberté. « Pouvoir faire ce qu’on doit vouloir » c’est la définition de Montesquieu.  Et ce « pouvoir faire » c’est la loi qui le garantit. Mais pas n’importe quelles lois ! C’est ce que j’ai omis de développer dans mon précédent billet. Montesquieu définit les lois « comme les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses ». « La nature des choses », pour faire court, c’est l’ordre de l’univers institué par le créateur. Pour Montesquieu, il y une légalité naturelle et universelle. Celle-ci se confond avec la raison elle-même. Une loi ne doit pas procéder d’une décision arbitraire, mais doit se fonder sur une démarche rationnelle à partir de principes généraux. Ainsi sous la diversité des types de lois se retrouve toujours leur unité structurelle. C’est pour cette raison que Montesquieu a intitulé son œuvre l’Esprit des lois.

Laissons la philosophie et revenons à une approche strictement juridique. L’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui […]”. Autrement dit notre liberté s’arrête là où elle cause un préjudice à l’autre.

Les scientifiques s’accordent sur le fait que les personnes vaccinées transmettent très peu, voire pas du tout, la Covid-19. La vaccination a donc une vertu altruiste. Refuser la vaccination, c’est prendre un risque pour soi-même et pour son entourage. Risque qui a augmenté avec le variant delta, plus contagieux que son prédécesseur. On est donc bien dans le cas de figure où le citoyen en refusant la vaccination nuit à autrui. Il déroge ainsi à l’une une des trois valeurs qui fondent notre république : la fraternité. Par ailleurs plus le nombre de non-vaccinés est grand plus le virus circule et plus le risque de voir apparaître un variant augmente. Il n’est pas déraisonnable d’imaginer que ce variant soit beaucoup plus mortifère que le Sras-coV-2. N’oublions pas que le Sras-coV-1 avait une létalité 10 à 20 fois supérieure à celle du Sras-coV-2.

Le pass sanitaire repose donc sur une assise juridique solide. Il applique le droit que nous avons de ne pas être mis en danger par autrui et nous invite à ne pas lui nuire. J’ai bien dit, il invite, il n’oblige pas, excepté, c’est vrai, pour les soignants.  Pour le reste de la population, il laisse chaque citoyen en situation de choisir. Celui-ci peut opter pour jouir d’une vie normale lorsqu’il a consenti à se faire vacciner ou bien subir un certain nombre de restrictions quand il n’a pas voulu du vaccin. Les restrictions qu’il impose aux antivax doivent être mesurées, proportionnées, rationnelles, c’est-à-dire conformes à une rationalité médicale qui se donne comme objectif de défendre les populations. Ce qui n’est pas toujours chose simple du fait d’un manque de données. Il y a tout de même des études pour guider les décideurs politiques. On sait par exemple que le restaurant est un lieu à haut risque de contamination.

La question du pass sanitaire soulève des réactions passionnelles. Celles-ci sont le fait d’un mal entendu sur la question de la liberté. Les plus virulents antipass dérapent dans des assimilations scabreuses avec le nazisme. Dans les manifestations on a vu des antivax   qui arboraient une étoile jaune suggérant un parallèle entre la traque des juifs par les nazis pendant la seconde guerre mondiale. Les talibans n’ont pas encore été convoqués pour de semblables parallèles, mais ça ne saurait tarder.

Il faut dire aussi que le pass sanitaire ravive l’antivaccinalisme très présent dans notre pays. En juin 2021 un sondage constatait que la France est le premier pays au monde pour les idées antivax. Le conflit qui oppose provax et antivax a quelque chose de très particulier, qui tient un peu d’une guerre de religion. Des livres entiers ont été écrits sur les antivaccinalistes. C’est une longue histoire qui commencent avec les premiers vaccins.  Et qui mérite sans doute un prochain billet…

Laurent Vercoustre

28 Commentaires

  1. Pour continuer notre discussion :
    Je suis complètement d’accord avec vous sur le distinguo entre « science » et « recherche ». C’est d’ailleurs une remarque fort intéressante.

    « On peut discuter des performances de la pharmacovigilance, je crois simplement que si ces vaccins avaient déclenché une catastrophe sanitaire on le saurait.Maintenant, c’est vrai, si on discute de leur efficacité, ce qui se passe en Israël est très inquiétant. »

    Je crois que personne de sensée, ne peut accuser les vaccins de provoquer une « catastrophe sanitaire ».
    Néanmoins comme tous produits de l’industrie pharmaceutique, les vaccins en général et ce vaccin anti-covid19, en particulier, a des effets secondaires.
    Le problème est en partie lié à la pharmacovigilance dont on pourrait en effet parler longuement, mais pas que. En effet, les liens de causalité sont très difficiles à établir pour des médicaments, et il semble que ces liens soient encore plus difficile dans le cas de vaccins.
    Cette difficulté d’établir un lien fait affirmer à certain que cet absence d’établissement de liens de causalité, est synonyme d’inexistence de danger avec ces vaccins et qu’ils sont sûr et sans danger.
    C’est faire un raccourci car absence de preuve ne fait pas preuve de l’absence.

    Par ailleurs, à coté des effets secondaires des produits de santé, le critère le plus important est celui de l’efficacité de ces vaccins.
    Sur ce sujet, il semble bien que l’enthousiasme du départ se voit plus que modéré par les dernières observations.

    Mais comme vous l’écrivez : « La temporalité de la recherche exige des cycles beaucoup plus longs pour aboutir à des vérités incontestables, elle n’est pas celle notre époque qui exige des réponses instantanées aux questions que l’on se pose. »
    Cette immédiateté à apporter des réponses, même si la prudence élémentaire, voudrait que l’on s’y abstienne, est un grave travers du fonctionnement de notre société. Et je ne dis rien des liens d’intérêts de ceux qui se précipitent pour donner des réponses péremptoires. Le sujet est vaste.

    Enfin, personnellement je trouve que peu s’interroge sur le fait que les vaccins s’adressent à des personnes en bonne santé surtout si elles sont jeunes.
    Ce n’est pas la même chose de traiter un patient malade avec un médicaments qui peut présenter des risques mais qui sont acceptables compte tenu des bénéfice; et « traiter » quelqu’un en parfaite santé.
    Beaucoup balayent d’un revers de main cette question qui se résume dans le « primum non nocere »; de savoir si c’est vraiment éthique de vouloir imposer une vaccination chez des jeunes qui ne vont en tirer quasiment aucun bénéfice avec des risques, même si ceux-ci sont minimes d’effets secondaires graves.

    Donc, on en revient à votre question initiale, compte tenu de ces doutes sur la réelle efficacité des vaccins, sur leur réelle innocuité ou « dangers », est il pertinent de prendre toutes ces mesures et est-ce vraiment une « démarche rationnelle ».
    « Autrement dit notre liberté s’arrête là où elle cause un préjudice à l’autre.  »
    L’obligation vaccinale et l’instauration du Pass Sanitaire est il vraiment en mesure d’éviter un « préjudice à autrui ».
    Personnellement, je ne le pense pas.

    • Avec plaisir,
      Tout d’abord, je voudrais rappeler l’exigence que je me donne dans mes billets. Elle est d’examiner l’actualité médicale avec un regard philosophique, c’est pas la peine d’écrire des choses que l’on trouve partout.Dans ce billet j’ai voulu poser le problème éthique de l’obligation vaccinale et de la liberté. Ce que je souhaite c’est donner à réfléchir, avec des outils conceptuels élaborés par des grands philosophes. Dans ce dernier billet j’ai convoqué Montesquieu dont l’oeuvre reste un des phares de la pensée occidentale. Sa conception de la liberté qui renverse toutes les pensées convenues m’a paru intéressante à partager.
      Revenons au terrain. Le problème c’est de faire le tri dans le flux d’informations qui envahissent nos ordinateurs. Vous avez certainement lu cet article du QDM qui redore le blason de la vaccination :
      https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/infectiologie/vaccin-anti-covid-pres-de-50-000-vies-sauvees-en-france-selon-un-travail-de-modelisation
      J’ai relevé ce passage : »Selon leurs calculs, la transmissibilité du virus a été réduite de 43 %, ce qui a engendré une diminution de 39 100 admissions en service de réanimation et de 47 400 décès hospitaliers entre août 2020 et août 2021, soit une diminution respective de 46 % et 57 %. »
      .Cette info fait mon miel mais quel crédit accorder à cette étude???.
      Le problème de la vaccination des jeunes est commentée un peu partout, c’est vrai que la balance bénéfices risques n’est pas du tout en faveur de la vaccination des jeunes. Elle n’a de sens que pour freiner l’épidémie ce qui est contesté par beaucoup. Sur les effets secondaires du vaccin je suis d’accord avec vous : l’absence de preuve ne fait pas preuve de l’absence.

    • Je ne suis pas totalement d’accord avec votre commentaire.

      Concernant les effets secondaires, la plupart des personnes qui travaillent sur la fraude scientifique s’accordent pour dire qu’on n’a jamais eu dans l’histoire de la médecine, de vaccins ou médicaments autant surveillés et dont on connait autant les effets secondaires. Il y a eu plusieurs milliards d’injections dans le monde entier. Et pourtant beaucoup de ces personnes se battent contre les dérives de l’industrie pharmaceutique.

      Trouver des liens de causalité est en fait beaucoup plus simple qu’on ne le pense bien souvent. Il suffit de regarder la surmortalité et de regarder aussi l’augmentation du nombre de problèmes (AVC, arrêt cardiaques …). A partir du moment ou il n’y a pas plus de morts ou de problèmes en période de vaccination par rapports aux mêmes périodes en temps normal, c’est difficile d’y voir un lien. Il peut y avoir certains problèmes ou on peut avoir des doutes quand il surviennent très très rarement comme c’est le cas avec certains effets secondaires possiblement attribués aux vaccins COVID et donc par mesure de précaution on alerte et on informe sur cela même si c’est problèmes là peuvent être seulement dû au fait que l’on est dans une année ou on se situe dans la fourchette haute statistiquement parlant. Il peut bien évidemment y avoir des remontées aussi qui sont faîtes de la part des médecins ou des autopsies mais à partir du moment ou cela n’arrive pas plus souvent qu’habituellement, difficile d’y voir un lien de causalité.

      Il y a en France 140000 AVC par an, soit un toute les 4 minutes soit 383 par jour. Statistiquement, beaucoup de personnes vont faire des AVS juste après s’être fait vacciner, ou le lendemain, ou encore le jour d’après ou même dans le mois. Si une personnes de notre famille fait un AVC, le jour même de sa vaccination, on va bien évidemment tous y voir un lien alors que malheureusement statistiquement, c’est normal et il en est de même pour les problèmes cardiaques.

      La variant Delta a rebattu les cartes, certes les vaccins ne protègent plus autant de l’infection et de la transmission mais ils réduisent toujours grandement les risques et de plus réduisent encore plus grandement les risques de finir en réa et donc d’occuper une place qui aurait pu être alloué à une autre personne.

      Concernant les plus jeunes, il sont de plus en plus nombreux à être admis à l’hôpital ou en réa, des bébés aussi sont de plus en plus nombreux à se retrouver en réa. Dans certains pays beaucoup de jeunes enfants (notamment dans certaines parties de l’Asie) sont décédés du Covid. Sans dire non plus que c’est un virus qui touche en particulier les enfants (ce qui est faux), la balance bénéfice/risque des vaccins pour les enfants à complètement changé avec le variant Delta

      On sait qu’il y a des COVID long avec des symptomes persistants sur plusieurs mois (années ?), que le Covid augmente aussi grandement les risques de faire des Thromboses, des Myocardites etc… mais on oublie aussi bien souvent, les risques à long terme du COVID qui ne sont pas connu à l’heure actuelle. Et les enfants ne sont pas non plus forcément à l’abri …

      Il y a un thread intéressant à ce sujet, d’Alexander Samuel un docteur en biologie indépendant et bénévole, spécialiste de la fraude scientifique. Il est connu à la base pour avoir fait parti du mouvement « gilets jaunes » et pour avoir dénoncer les dangers des gazs lacrymogènes utilisés par les forces de l’ordre lors des manifs : https://twitter.com/AlexSamTG/status/1429018539457978378

      • Vous écrivez « Si une personnes de notre famille fait un AVC, le jour même de sa vaccination, on va bien évidemment tous y voir un lien alors que malheureusement statistiquement, c’est normal et il en est de même pour les problèmes cardiaques. »

        Non, statistiquement, ce n’est pas forcément normal. Normal qu’il y ait beaucoup de personnes de tel ou tel âge qui font des AVC, mais pas forcément normal que ce soit au lendemain ou dans les 8 jours (par exemple) qui suivent une vaccination.

        Une étude peut tout à fait être faite sur la distance temporelle de l’AVC après vaccination. Sur le très grand nombre de vaccinés ayant fait un AVC, si cette distance temporelle n’est pas aléatoire (rapportée à ce qui est usuel suivant les mois ou les saisons) mais se rapproche plus que pour la population non vaccinée ayant les mêmes caractéristiques (âge, morbidités…) (ou relativement aux statistiques des années précédentes) du moment de la vaccination, on peut en déduire un lien statistique entre la vaccination et l’AVC.

        De telles études peuvent être très facilement menées en croisant les données d’AMELI sur à peu près tous les effets secondaires (voire, en utilisant un programme bien écrit, déceler des coïncidences non encore détectées si elles existent). Elles devraient l’être, ne serait-ce que parce que la transparence permettrait de rassurer tout le monde, quel que soit le résultat.

        • * « Sur le très grand nombre de vaccinés ayant fait un AVC »

          Je voulais dire : « Etant donné le très grand nombre de personnes vaccinées, pour celles qui ont fait un AVC, » (parce que la cohorte est importante, les statistiques seront plus robustes)

  2. Cher confrère
    Il est dans la situation actuelle difficile de savoir quelle source convoquer. Si les immunologistes et les virologues démontrent bien que les vaccinés sont moins contagieux que les non vaccinés, les épidémiologistes accumulent jour après jour des preuves contre la théorie de l’immunité collective. Cette théorie provax fumeuse dès le début apparaît malheureusement aujourd’hui comme un mythe. Il faut bien admettre que la vacille de masse, si elle a l’immense bénéfice de faire diminuer hospitalisation et mortalité n’a en revanche quasiment aucun effet sur la dynamique de l’épidémie. Il s’agit peut-être d’un effet « vraie vie » les vaccinés se sentant en sécurité ne respectent plus les mesures barrières et au final s’exposent plus, donc se contaminent et contaminent les autres malgré leur protection relative. La liberté de chacun est bien entravée par les lois actuelles, notamment le droit à disposer de son corps et le droit de ne pas subir d’intervention médical non urgente sans un consentement libre et éclairé.
    Vous étiez vous même plus que sceptique sur les vaccins en décembre 2020, il faut bien constater ce jour que chez les plus jeunes (moins de 25 ans) le bénéfice de la vaccination est extrêmement marginal, pour des risques certes faible mais non nul.
    Primum non nocere. Il serait de l’honneur de la médecine de défendre, sur des bases épidémiologiques et scientifiques, notre jeunesse face aux dérives politiques au message simpliste de « vaccinons le plus possible sans discernement, on verra bien après les conséquences mais on ne pourras pas nous dire que nous n’avons rien fait.
    Bien confraternellement

    • Merci pour votre réaction qui est très intéressante. C’est vrai que j’ai été très critique sur les vaccins dans un précédent billet. C’est vrai aussi que l’on manque d’un recul temporel sur ces nouveaux vaccins. Il reste que ceux-ci ont été réalisés à l’échelle planétaire, et que l’on comptent en milliards le nombre de vaccinations. On ne peut plus aujourd’hui contester l’efficacité de ces vaccins et en dépit de tout ce qu’on lit ici ou là, par ailleurs ces vaccins n’ont pas provoqué de catastrophes sanitaires comme certains l’avaient annoncée.Ceci dit je veux bien admettre que la non contagiosité des vaccinés n’est pas encore solidement démontrée, comme l’affirment quelques lecteurs de mon billet. L’intention de mon billet était de discuter sur le plan éthique l’obligation vaccinale.

  3. Bonjour
    J’apprécie bcq les débats scientifiques ou philosophiques. J’aimerai ajouter deux commentaires, dans des champs différents. Le premier commentaire concerne la stratégie gouvernementale particulièrement honteuse qui a visé à terrifier la population (3 options pour gouverner efficacement :terrifier ou s’appuyer sur les convaincus et les résignés..) avec une propagande initiale pour le vaccin (« vaccinez vous, sinon vous allez tuer vos grands parents ») et des images chocs (évacuation en TGV alors que le dispositif Morphée de l’armée est sûr, rapide etc ). Le deuxième commentaire concerne l’exploitation opportuniste d’une crise sanitaire qui a peut être avantageusement évité une nouvelle crise financière et a profondément accéléré le virage numérique : à titre d’exemple, est ce sérieux de prétendre qu’on se contamine en tapant des codes bancaires alors qu’on manipule des portes et des chariots de supermarché ? mais les paiements sans contact, l’usage des QR codes, etc, fournissent les données qui manquent cruellement à l’Europe et cela acculture la population au tout numérique (la télémédecine, par ex, fait le lit de l’IA professionnelle…) A bas le médecin palpeur et inspecteur, bravo à l’algorithme (qui par ailleurs soignera très bien), bonjour au robot chirurgical Vinci à distance etc ..Il y a tant a dire : regardez les enjeux de la construction de « l’espace de santé numérique » …c’est juteux!

  4. Votre démonstration est intéressante, en particulier « Le pass sanitaire repose donc sur une assise juridique solide. Il applique le droit que nous avons de ne pas être mis en danger par autrui et nous invite à ne pas lui nuire. »

    Mais comme l’ont souligné des commentateurs, cela repose sur l’affirmation « Les scientifiques s’accordent sur le fait que les personnes vaccinées transmettent très peu, voire pas du tout, la Covid-19.  »

    Cette affirmation, même si vous donnez le lien sur un article de FranceInfo, demeure malgré tout sujet à caution.

    Et c’est bien aujourd’hui le problème : faire la part de ce qui est croyance et biais de confirmation, de ce qui relève de la réalité.
    C’est vrai du coté des « antivax » mais aussi de celui des « provax ». Personne n’échappe à ses propres croyances. Personne n’échappe au biais de confirmation.

    Il faut donc s’interroger sur la qualité des études que l’on peut trouver.

    Il n’est de secret pour personne, que les études et leurs résultats sont très liés aux liens d’intérêt des auteurs avec l’industrie pharmaceutique.
    Il en est de même pour la parole des experts de tout poil et des médias qui les relaient.
    C’est arrivé à un point que certain ose affirmer :
    https://www.redactionmedicale.fr/2021/07/il-est-temps-de-supposer-que-la-recherche-en-sante-est-frauduleuse-jusqua-preuve-du-contraire

    Outre l’interrogation sur les fraudes, il est aussi une interrogation sur la transparence et l’opacité des données scientifiques.
    Il y a quelques semaines, TransparenceWatch faisait état de seulement 45% des études réalisées sur le Covid19 qui étaient publiées, quelles sont les conclusions des 55% non publiées?
    Par ailleurs, 88% des études publiées, le protocole n’étaient pas disponibles pour les chercheurs.
    Ces faits interrogent beaucoup.

    Tout cela pour dire qu’il est difficile d’être affirmatif comme vous le faite sur le peu de transmission du virus par les vaccinés.
    Et cela d’autant plus que des études observationnelles dans les pays dont la population est beaucoup vaccinée, jette le trouble et le doute sur votre affirmation. Mais l’on sait que les études observationnelles sont le plus bas niveaux de preuves avant l’avis d’autorité.

    Tout ce développement pour dire que pour moi, le doute est la forme la plus « raisonnable » d’une position scientifique compte tenue de toutes les incertitudes présentes.

    Enfin, je trouve que disqualifier les avis opposés aux siens par des qualificatifs comme « antivax » ou complotiste, est un procédé rhétorique contestable. Même s’il existe incontestablement des antivaccinalistes dogmatiques et de réels complotistes. Mais ils sont une minorité.

    Pour conclure, vous exprimez votre opinion et elle est respectable. Mais votre opinion n’est pas obligatoirement l’expression de la « réalité », loin s’en faut.

    • Merci pour votre commentaire que j’apprécie beaucoup. D’abord il est clair et bien écrit. Ce qui est rare. Ma démonstration qui repose en effet sur la non contagiosité des vaccinés, peut être mise en doute en doute.Nous sommes en effet dans une période de recherche sur le covid. La recherche scientifique a sa temporalité, il faut du temps avant de considérer une vérité comme définitivement acquise.La science a un corpus de connaissances qu’on ne peut contester, nous savons que la terre est ronde, nous savons que l’atome existe.Ce corpus de connaissance est par nature incomplet, il existe encore beaucoup d’incertitude sur les particules qui constituent l’atome. Il ne faut pas confondre science et recherche. Dans la période de recherche, seul le doute est permis, le doute est le moteur de la recherche, le doute est à la fois le moteur et le combustible.Le doute est consubstantiel à la recherche. C’est ce que vous dites merci de l’avoir dit. Mes billets sont souvent un peu provocateurs et celui-ci l’est particulièrement, j’en ai conscience.Quand ils suscitent une réaction comme la vôtre, le but est atteint!

      • Merci pour votre réponse.

        « La recherche scientifique a sa temporalité, il faut du temps avant de considérer une vérité comme définitivement acquise. »

        Il faut en effet beaucoup de temps, raison pour laquelle je ne comprends pas tous ceux, gouvernementaux et médecins qui mettent en avant les milliards de vaccinations pour affirmer que nous avons suffisamment de recul sur ces vaccins pour en tirer des « conclusions définitives ».

        Comment peut on être aveuglé à ce point pour ne pas voir que le recul concerne le temps (c’est dans sa définition du dictionnaire) et non une « quelconque quantité ».

          • Il manque la dimension temporelle pour évaluer les vaccins, sur ce point nos sommes d’accord. Comme je le disais à un autre lecteur, nous sommes dans une période de recherche.Dans le domaine scientifique, il y a la science, c’est à dire l’ensemble des vérités incontestables. Plus personne ne pense que le terre est plate.Tout le monde considère que l’atome existe ,etc..Et il y a la recherche, et dans cette période de recherche seul le doute est permis. Nous sommes dans une période de recherche. Toutes les polémiques sont consécutives à la confusion entre science ( comme corpus de connaissances non réfutables) et recherche. La temporalité de la recherche exige des cycles beaucoup plus longs pour aboutir à des vérités incontestables, elle n’est pas celle notre époque qui exige des réponses instantanées aux questions que l’on se pose. Le monde dans lequel nous vivons est dominé par le numérique qui permet à l’information de circuler à grande vitesse.Et dans cette information, il y a tout et son contraire.
            On peut discuter des performances de la pharmacovigilance, je crois simplement que si ces vaccins avaient déclenché une catastrophe sanitaire on le saurait.Maintenant, c’est vrai, si on discute de leur efficacité, ce qui se passe en Israël est très inquiétant.

  5. Il est maintenant avéré que les vaccinés attrapent le variant Delta et contaminent autant que les non-contaminés (plusieurs études : française, américaines, israéliennes, etc. Fauci l’a tellement reconnu qu’il a demandé aux vaccinés de reporter le masque à l’intérieur). Bref : le passe : toujours valable, vous maintenez, alors que le vaccin n’empêche aucunement la transmission ?

    Il y a une hiérarchie des normes et des valeurs. Chaque individu a la sienne, chaque culture a la sienne.

    La Déclaration des Droits de l’homme française a choisi : elle énumère en premier la liberté comme droit naturel imprescriptible, aux côtés de la propriété, de la sûreté et de la résistance à l’oppression.

    La santé n’apparaît pas du tout dans la liste des droits imprescriptibles. En revanche, la résistance à l’oppression est garantie de façon inconditionnelle : tout individu peut donc être « anti-vaccin » (et pourquoi pas ? quel péché serait-ce donc d’être anti-vaccin ? Imaginez un Romain qui ne s’est jamais fait vacciner : il lui manquait une case, il n’était pas tout à fait homme, vraiment ? On a le droit d’être contre la voiture, contre les éoliennes, contre le plastique, etc. : vous préconisez de mettre tous ces gens en taule et tant qu’à faire de leur couper la tête ? Quel mal font-ils ? Hier le nucléaire était tendance, aujourd’hui c’est péché et demain il va redevenir à la mode. Les choses changent, pour le vaccin ça peut changer un jour aussi.)

    Et je doute que vous puissiez glisser sans beaucoup de contorsions la protection de la santé de l’autre sous le terme de la « sûreté ». Vous avez droit à votre propre sûreté, mais autrui a droit à sa liberté. Les Rédacteurs considéreraient sans doute que l’on peut résoudre le paradoxe en demandant à ce que les gens qui veulent leur sûreté restent chez eux, non ? Après tout, on n’a jamais demandé à personne de prendre particulièrement soin des gens souffrant du SIDA ou d’une maladie auto-immune, alors qu’ils avaient la grippe ou un autre virus. C’était au malade de se protéger.

    Et le Rédacteur aurait demandé : avez-vous tout fait pour vous procurer votre sûreté : hygiène de vie parfaite, pas de surpoids, suffisamment d’exercice, une alimentation saine, pas de stress, etc. ? Parce que si la personne qui met en avant son droit naturel à la sûreté ne prend pas soin de sa propre santé alors qu’elle veut entraver la liberté d’autrui au nom de sa santé, il y a des baffes qui se perdent, vous ne trouvez pas ?

    Et que voudrait dire de consacrer la « sûreté » d’une classe d’âge au détriment de la liberté d’une autre ? Et si cela durait 50 ans ? Ces générations vont se passer de vie pendant 50 ans ? Est-ce sérieux ? Parce que si votre passe fonctionne, c’est évidemment une solution valable pour les toutes les années de la présence du virus, non ?

    Former des soignants, densifier les réseaux de soin dans tous les domaines et sur tout le territoire, inventer un système de soins holistique (aller voir ce qui se fait à l’étranger), repenser l’ensemble de la médecine et des politiques de soin (manifestement en la matière on revient 40 ans en arrière, avant les avancées dues à la crise du SIDA), etc. : cela pourrait être une solution infiniment préférable que de gloser sur la liberté des uns face à la liberté des autres.

    Si nous avions un système de soins performant, avec suffisamment de soignants et d’infrastructure, où soigner passerait avant l’idéologie et la politique, ne serait-ce pas une solution satisfaisante ?

    • Merci pour ce long commentaire. Notre système de santé est comme vous le dites malade. J’ai fait l’analyse de ses dysfonctionnements dans mon ouvrage intitulé: Réformer la santé, la leçon de Michel Foucault.

  6. Il me semble bien regrettable d’emprunter le chemin tortueux de la pensée philosophique pour justifier de façon peu courageuse les décisions actuelles de notre gouvernement. J ai abandonné mes études de philosophie pour devenir médecin pour une raison simple: ne nous retranchons pas derrière la pensée ou les pensées empruntées à d autres pour s interdire de s engager humainement sur le difficile terrain de la souffrance humaine. Il y a dans vos billets une indécence choquante, un je ne sais quoi qui me rappelle les confitures qu on étale sur une tranche de pain sec pour en faire passer le goût insipide. Soyons sérieux Mr Vercoustre, croyez vous véritablement que de débattre pour ne pas se battre est une façon éthique de faire face à nos devoirs moraux de médecin? Pensez vous réellement que de débattre, tout aussi démocratique qu en soit l idée , soit la meilleure réponse qu un médecin puisse apporter face à une politisation sans précédent d une pandémie dont les patients actuels ou futurs payeront en premier lieu les frais. Pensez vous réellement que depuis une tour d ivoire philosophique, depuis une position de neutralité bienveillante, on puisse décemment se prétendre être à même de susciter un débat. Revenons donc aux fondamentaux: l humain , la souffrance, la maladie, la mort . Revenons donc aux fondamentaux du terrain, si vous le voulez vous bien. Toute aussi panachées que soient vos connaissances, je ne suis pas sure qu elles soutiendraient la confrontation avec le terrain dans lequel pensées, débats et politiques ne reflètent que le lâche abandon de nos responsabilités . Et si au lieu de rhétorique sur la liberté, on proposait pour termes de contrat social de placer l éthique de l humain avant toute chose ? Cordialement

  7. vous affirmez « Les scientifiques s’accordent sur le fait que les personnes vaccinées transmettent très peu, voire pas du tout, la Covid-19. »
    cette affirmation ne repose sur rien , et elle détruit toute votre démonstration.

  8. Votre billet repose sur l’affirmation que « les scientifiques s’accordent sur le fait que les personnes vaccinées transmettent très peu ».
    Quels scientifiques ? Quelles sont les références de votre généralité ? Il me semble que « les scientifiques », que j’ai eu l’occasion d’entendre ou de lire, surtout hors des medias classiques, ne sont pas d’accord sur grand chose.
    Dans un autre paragraphe, vous écrivez : « Les plus virulents antipass dérapent dans des assimilations scabreuses avec le nazisme. » Je ne partage pas cet avis: CERTAINS, rares, isolés ont brandi des pancartes inacceptables. Cela ne les désigne pas pour autant comme « les plus virulents antipass », leur pancarte n’ayant aucun rapport avec la manifestation.

  9. Bien vue, la définition de Montesquieu : Pouvoir faire ce qu’on doit vouloir.
    Le « ce qu’on doit vouloir » n’est pas ce que la majorité, le ou les pouvoirs, font tout pour imposer à l’ensemble comme un devoir incontournable comme on le fait actuellement.
    A qui d’autre qu’à soi-même, dans notre culture individuelle, peut alors incomber la charge de déterminer quel est ce « devoir » ?
    Richesse absolue des opinions diverses qui ne conduisent pas à la prison et à la mort, la France a le talent de la cultiver : ne lui coupons pas les génitoires, plus que jamais indispensables pour construire le monde qui se délite sous nos yeux.

  10. Peut être serait il utile de differencier les « vaccins », des vaccins. Il semblerait que la mixture inoculée actuellement ne correspondrait pas tout à fait à la définition traditionnelle d’un vaccin et au surplus, n’aurait pas encore obtenu d’autorisation de mise sur le marché définitive. Enfin il pourrait peut être venir à l’esprit de s’interroger sur l’absence de recherche de médicament susceptible de soigner sinon de guérir l’affection à l’origne de toute cette affaire.

    • Vous avez tout à fait raison, et votre réaction me permet de combler les lacunes de mon billet. Je tiens à ce que mes billets ne soient pas trop longs et soient focalisés sur une seule question. Dans ce billet il s’agissait de discuter de l’éthique du pass sanitaire. Et du coup j’ai oublié plus ou moins volontairement de dire que ces vaccins sont radicalement différents des vaccins classiques et qu’ils y a encore beaucoup d’incertitudes à leur sujet. Est-ce que l’obligation vaccinale reste éthiquement légitime du fait de ces incertitudes.On peut en discuter. On manque à l’évidence de recul cependant la diffusion planétaire de ces vaccins nous donne tout de même une garantie sur leur efficacité.

  11. Trop specieux
    Je decroche
    Liberté Égalité Fraternité, il s’agit d’un absolu philosophique et moral.. . Les commentaires sont forcément tortueux.. ..
    Foi Espérance, Charité,
    C’en est un autre, compatible en tous points. Les commentaires defectifs sont forcément tortueux…
    et Equanimite Compassion et Impermanence, en voilà un troisième. .. ccommentaires critiques forcément tortueux.
    Rassemblons et unissons. Nos Valeurs sont les solutions..
    PS écrit depuis le lit de réa Covid.. .Cordialement

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